Je me souviens des jours anciens et je ris. Noël Godin, tartapulteur en chef du Fifigrot 2023, sans être dieu ni maître, est sans nul doute la crème de nos folies. Titulaire de la double nationalité Belgrolandaise, capitaine de bateau pirate, entartiste contemporain, nous tirâmes avec lui des bordées de chantilly mentale sur les esprits trop casqués. Il nous fit à l’occasion découvrir des bières explosives qui n’avaient d’Abbaye que le nom, et des films terribles qui ne sont classés que dans ses seuls classeurs.

De véritable entartage je n’en vécus qu’un : celui du coquin Jean-Pierre Chevènement, qui aurait presque le physique de son frère s’il n’était l’un des nombreux renégats de gauche, plus prompts à faire donner la troupe que la soupe. « Bien fait pour sa gueule » doit forcément se dire le peuple en cas d’exécution pâtissière réussie. Une forme de justice injuste qui fait du bien même si on sait que c’est pas bien. Quelque part, n’est-ce pas aussi le rôle du bon cinéma ?! Plus que lancer l’alerte, la mélanger, la battre, la fouetter, pour mieux submerger la prétention générale ? À nous cinéastes, de propulser l’imagination sur la réalité avant qu’elle nous engloutisse. Comme le dit si bien le titre du (magnifique) film de Radu Jude : N’attendons pas trop de la fin du monde.

Benoît Délepine

Benoît Délepine