Edito 2014

N’OUBLIEZ PAS VOS LUNETTES 1D

Tocade d’août pluvieux. Un dimanche qui s’éternise, des enfants qui renaudent, le moral qui s’effrite.
C’est décidé, nous allons voir “La planète des singes 2”. Je sais, ce n’est pas très glorieux, mais le souvenir du livre, les 99% de l’ADN en commun avec nos cousins, l’attrait du vide, des raisons d’y aller, j’en passe et des pires… Arrivés au temple-multiplex-CGR-corn flakes, arrive la question qui tue : “Avez-vous vos lunettes 3D ?”. Oui monsieur le stagiaire d’été, j’en ai. Une douzaine même, véritable pyramide de plastique sombre que je visualise mentalement, nettement, sur un rayonnage de notre vestibule, juste derrière les cartes IGN du Groland du Bas. Trop tard. En avant pour l’achat des 13, 14, 15 et 16e paires de binocles fabriquées par des prisonniers politiques chinois choppés sur internet en raison de leurs opinions néo-giscardiennes. À la vue du film, on se demande d’abord où sont les effets visuels qui supposent l’obligation d’utiliser un tel accessoire. Mais plus le film avance, plus le questionnement change de dimension pour devenir : où peut bien être le cinéma qui suppose l’obligation d’utiliser un cerveau ? Même celui d’un singe aurait conçu un film moins lourdaud et néfaste que celui-là. En rentrant chez moi, je n’ajoutai donc pas les quatre bésicles au tas d’autres, mais fourrai le tout dans les sacs jaunes, résolu à ne plus jamais voir que du cinéma 1D. Avec moins de moyens, mais de l’intelligence, du cœur, des tripes et des effets normaux. Bref, du cinéma indé Grolandais. Et quoi de mieux pour tenir bon que cette troisième édition du Festival du Film Grolandais de Toulouse ? Je ne vois rien !

Benoît Delépine

PS : Une infâme rumeur sur les réseaux sociaux sous-entend que les Grolandais “tiendraient” le cinéma mondial. Certains internautes poursuivent l’ignominie jusqu’à diffuser des listes de producteurs, scénaristes et acteurs Grolandais qui ” tireraient les ficelles ” du septième art. Ils en voudraient pour preuve les valeurs véhiculées dans nombre de films, et en particulier dans ceux qui sont régulièrement sélectionnés dans les Festivals. À ces tristes sires nous répondons fermement que l’alcoolisme n’est l’apanage d’aucun peuple en particulier. À bon entendeur, salut.